M'interroge sur l'objectivité
De retour d'une petite escapade sur un rallye Péruvien, afin
de faire le plein de photo pour Echappement, me revoici à lire la presse Française
sur la toile. Et là, je tombe sur une dépêche AFP bien intéressante :
"Alain Duhamel a été privé d'antenne sur France Télévisions jusqu'à
la fin de la campagne électorale et a dû suspendre sa chronique quotidienne sur
RTL, pour avoir pris position en faveur de la candidature de François
Bayrou."
Pour ma part, j'ai beaucoup de respect pour le sieur Duhamel. Car plutôt que de
courir après une objectivité chimérique ou relative (et donc subjective !!!),
il se positionne. Il me paraîtrait ainsi honnête intellectuellement que tout
journaliste politique se positionne avant de parler. Ne lit-on pas l'Huma comme
un journal communiste ou Libération et Le Figaro en sachant d'où viennent leurs
attaches ? En cela, lorsque Dassault déclarait reprendre Le Figaro dans
l'optique d'éradiquer la dangereuse pensée socialiste, c’est certes dégoutant,
mais relève des options prises par notre société, et s'avère finalement
déontologiquement respectable. Le débat s’élargit ici et j’y reviendrais plus
loin.
Donc on va remplacer monsieur Duhamel par Franz-Olivier
Giesbert et Serge July (ex-PDG de Libération), qui, bien sûr s’avèreront bien plus objectifs car n’ayant pas à
faire un choix en avril prochain… Non vraiment, s’il y a bien une chose que je
ne comprends pas dans le journalisme, c’est cette recherche d’objectivité. Ou
je ne comprends pas le mot à l’instar du dictionnaire (D’après Littré :
Objectivité : qualité de ce qui est objectif, Objectif : Qui
décrit la réalité sans jugement), ou
on l’a redéfini sans nous le dire. Il est vrai que je prends un point de vue un
peu Bourdieusien, puisque j’argumente incidemment que nous sommes des êtres
subjectifs. Je crois ceci vrai, nous nous accordons souvent sur le fait que l’Homme
ne soit pas seulement un Etre instinctif. Si tant est que la vie en commun et
donc le défi politique qui en découle, soient des notions purement instinctives.
Bref pour en
revenir à l’objectivité et les journalistes, beaucoup s’accordent sur sa relativité. Mais alors pourquoi s’évertuer à la citer en
permanence ou à en faire une référence au dessus de tout principe. Au risque de
voir ces principes perdre de leur valeur et de leur crédibilité. Concrètement,
il est certain qu’un époux, une épouse, un ami personnel ou un acteur de la
campagne d’un homme politique, pourrait difficilement remplir sa fonction, tant
les enjeux dépassent alors les ressources d’une personne.
La nouvelle
définition de l’objectivisme serait donc un subjectivisme modéré par plus de
facteurs que le libre arbitre. Merde alors, cela ne correspond plus non plus à
la définition de l’objectivité ou encore à son acception commune… Ne dit-on pas
régulièrement : « je vais essayer de te relater les faits le plus
objectivement possible. »
Pour ouvrir un
autre débat, je pense que si les journaux peuvent se permettent un
positionnement clair, ou laissent transparaître, par exemple dans le cas du
Monde, leurs accointances, la nature volatile et bien plus commerciale du son
et de l’image empêche toute tentative similaire. D’autant qu’à part Radio France,
la plupart des medias radio ou télé connaissent un turn-over important ne
permettant pas de restituer la voix ou l’image, à une pensée façonnée au fil
des années de vie. Dans notre monde ayant choisi de privilégier l’image et le
son (l’ordre n’est pas innocent) à l’écrit, la récurrence de l’évocation de l’objectivité
me semble une sorte de pièce de tissu destinée à cacher le vide du plein
médiatique. Comme nous dirait ce cher Dutronc : « on nous cache tout,
on nous dit rien ».